Frédéric Boyer
Né en 1961, Frédéric Boyer est un auteur, traducteur et éditeur français. Après des études à l’École Normale Supérieure (ENS) et un doctorat en littérature comparée, il enseigne la discipline à l’université. Il publie La Consolation, son premier roman, aux éditions P.O.L en 1991. Deux ans plus tard, il remporte le prix du Livre Inter pour son roman Des choses idiotes et douces, publié dans la même maison.
Traducteur, il dirige notamment la traduction de La Bible parue chez Bayard en 2001. Directeur éditorial chez Bayard, la mort prématurée de son ami Paul Otchakovsky-Laurens fait de lui le directeur des éditions P.O.L en 2018.
Frédéric Boyer publie son dernier ouvrage, Le Lièvre, dans la collection Blanche de la maison Gallimard en 2021.
Bibliographie
La Consolation, P.O.L, 1991
Des choses idiotes et douces, P.O.L, 1993
Une fée, 2000
Abraham remix, P.O.L, 2005
Vaches, P.O.L, 2008
Orphée, P.O.L, 2009
Sexy Lamb, P.O.L, 2012
Là où le cœur attend, P.O.L, 2017
Peut-être pas immortelle, P.O.L, 2018 (poésie)
Le Lièvre, Gallimard, 2021
Évangiles, Gallimard, octobre 2022 (traduction)
Résumé de l'œuvre
Dans cette nouvelle traduction des quatre Évangiles canoniques (Matthieu, Marc, Luc et Jean), Frédéric Boyer propose de faire redécouvrir ces textes bibliques dans leur littéralité, en les replaçant dans la tradition juive antique, et en les considérant comme des œuvres littéraires, rédigées en langue grecque, qui relatent l’histoire d’un jeune rabbi en Judée et en Galilée. Évangiles propose une nouvelle perception de Jésus, qui “cherche moins à culpabiliser qu’à libérer, […] ne fonde pas de nouvelle religion mais cherche à faire abonder, multiplier, la parole de la Torah, en direction de toutes les classes sociales.”
Extrait de l'oeuvre
Mais pour commencer, un évangile c’est sonore. Comment en traduire le son ? Il faut faire entendre le cri de l’annonce, l’oralité des discussions et des débats souvent vifs, l’éclat bruyant de la stupeur ou de la terreur qu’auront inspirées à ses auditeurs les propos et les actions de ce jeune rabbi. Sonore aussi parce que le matériau de ces textes est celui de la lecture orale et de la prière des Écritures de la Tradition d’Israël dans les synagogues de Judée et Galilée, jusque dans le Temple de Jérusalem, où ce rabbi, nous disent les Évangiles, enseignait librement. […] Comme il s’adressait aussi, en orateur, à des foules considérables, toujours selon les évangélistes, dans les villes et villages, au désert, dans la montagne, sur le front de mer, aux frontières. Il faut donc, autant que possible, tout traduire, jusqu’aux interjections, articles emphatiques, coordinations répétées sous forme de litanies, conjonctions et adverbes, souvent délaissés des traductions, et qui restituent pourtant l’oralité de la parole dont ces textes, rédigés quelques dizaines d’années après la mort du rabbi, affirment témoigner en prenant le relais des traditions orales.
Mon rôle de traducteur sera de tenter de faire monter la parole dans notre lecture. Comme on monte le son. L’apôtre, l’envoyé, dans les Évangiles est littéralement un « haut-parleur ». Parler soulève. La parole relève (c’est un des verbes en grec de la résurrection).