
SPRINGORA Vanessa

Née en 1972 à Paris, Vanessa Springora est une écrivaine, éditrice et réalisatrice française. Elle est particulièrement connue pour avoir écrit un livre à l’origine d’une réforme sur l’âge du consentement en France. Après des études en lettres modernes et en cinéma, Vanessa Springora débute sa carrière dans l’édition, où elle occupe plusieurs postes au sein de prestigieuses maisons d’édition. Elle devient dessinatrice des éditions Julliard en 2019, où elle défend un catalogue éclectique et ambitieux. En 2020, elle publie Le Consentement, un livre bouleversant dans lequel elle revient sur la relation qu’elle a subie, à l’âge de de 14 ans, avec l’écrivain Gabriel Matzneff, alors âgé de 50 ans. Dans ce récit précis et percutant, l'autrice décrit la mécanique d’emprise exercée par l’écrivain et la complaisance de la société littéraire de l’époque. Véritable électrochoc, ce livre rencontre un immense succès critique et public. Il est traduit dans plus de 20 langues et relance le débat sur les violences sexuelles et les abus du patriarcat en France. Au-delà de son impact littéraire, Le Consentement a marqué une étape importante dans le mouvement #MeToo en France, provoquant des réflexions sur le rôle des institutions, de la justice et du milieu culturel dans la protection des victimes. Dans son dernier ouvrage Patronyme (2025), Vanessa Springora mène une enquête familiale centrée sur son grand-père paternel, dont elle découvre avec effroi des photographies le montrant en uniforme nazi. Cette révélation la conduit à s’interroger sur la généalogie, la mémoire et l’impact que les secrets de famille peuvent avoir sur nos vies.
Bibliographie
- Le Consentement, Grasset, 2020
- Patronyme, Grasset, 2025

Résumé de l'œuvre
Patronyme, Grasset, 2025
Attendue sur le plateau de La Grande Librairie pour parler de son livre, Le Consentement, l’autrice est appelée par la police pour venir reconnaître le corps sans vie de son père, qu’elle n’a pas revu depuis dix ans. Dans l’appartement de banlieue parisienne où il vivait, et qui fut jadis celui de ses grands-parents, elle est confrontée à la matérialisation de la folie de cet homme toxique, mythomane et misanthrope, devenu pour elle un étranger. Tandis qu’elle s’interroge, tout en vidant les lieux, sur sa personnalité énigmatique, elle tombe avec effroi sur deux photos de jeunesse de son grand-père paternel, portant les insignes nazis. La version familiale d’un citoyen tchèque enrôlé de force dans l’armée allemande après l’invasion de son pays par le Reich, puis déserteur caché en France par celle qui allait devenir sa femme, et travaillant pour les Américains à la Libération avant de devenir « réfugié privilégié » en tant que dissident du régime communiste, serait-elle mensongère ?
C’est le début d’une traque obsessionnelle pour comprendre qui était ce grand-père dont elle porte le nom d’emprunt, quelle était sa véritable identité, et de quelle manière il a pu, ou non, « consentir », voire collaborer activement, à la barbarie. Au fil de recherches qui s’étendront sur deux années, s’appuyant sur les documents familiaux et les archives tchèques, allemandes et françaises, elle part en quête de témoins, qu’elle retrouvera en Moravie, pour recomposer le puzzle d’un itinéraire plausible, auquel il manquera toujours des pièces. Comment en serait-il autrement dans une Tchécoslovaquie qui a changé cinq fois de frontières, de nationalité, de régime, prise en tenaille entre les deux totalitarismes du XXe siècle ? À travers le parcours accidenté d’un jeune homme pris dans la tourmente de l’Histoire, c’est toute la tragédie du XXe siècle qui ressurgit, au moment où la guerre qui fait rage sur notre continent ravive à la fois la mémoire du passé et la crainte d’un avenir de sauvagerie.